Couteau Eric Plazen Perso conclusion


Rodie ou parodie ?

Comme je l’ai déjà écrit, ce couteau est le fruit de choix radicaux, c’est un couteau extrême. Pour obtenir une qualité de coupe très rare avec une forte puissance, il a été optimisé pour couper et rien d’autre.
Voici le dernier test. Je ne l’aurais pas fait avec d’autres lames et je l’ai soigneusement aiguisée sur une pierre de coticule avec un passage sur le cuir en final.
Un Plazen peut-il concurrencer un rasoir à main avec trois, quatre, cinq et pourquoi pas six lames ?

Préparation

Là, vous êtes en train de vous dire : « Noooonnnn ! Il n’est pas assez ***** pour faire ça ! ».
Si, si, je vais le faire. C’est ce qui s’appelle avoir le couteau sous la gorge…

Mention légale : ce qui suit n’est ni un exemple, ni un challenge, ni un défi. Il vous est formellement et fermement déconseillé de tenter de reproduire en tout ou partie ce qui est montré dans les vidéos.

Rase1

Cela fonctionne très bien. Aussi en prise inversée.

Rase2

Y compris dans les endroits sensibles.

Rase3

Je sais, c’est complètement idiot mais l’idée m’a fait rire. En tous cas cela rase parfaitement. Gilsonic devrait en prendre de la graine. C’est juste que c’est plus long et beaucoup, beaucoup moins sécurisé.

Tactique ou pas ?
Le Perso n’est pas un couteau à « vocation » tactique, tant par le choix des matières (cuir, bois, acier) que dans les options d’émouture. Mais je ne connais que très très peu de couteaux qui coupent aussi fort et aussi longtemps. Il faut prendre le temps avec ce couteau, pour le sortir et le rentrer dans l’étui, en user avec précaution, l’entretenir.
Alors, il est légitime de se demander pourquoi Eric Plazen ne remplace pas le bois par du G10 ou du micarta, le cuir par du Kydex. Pourquoi ne pas mettre une garde ? Une émouture plus basse avec un tranchant plus épais serait moins fragile. C’est possible. Mais ce couteau ne serait plus un Plazen…
Cela me rappelle une excellente anecdote qui résume bien le fond du sujet.

J’étais à la table de David Lespect lors un salon de couteaux, on papotait tranquillement. Un client arrive et examine les couteaux de David.  Il discute des qualités des uns et des autres. Et il pose la question suivante : « Pourquoi vous ne faites pas de couteaux tactiques ? »
Et David Lespect répond paisiblement : « Parce qu’il y a d’autres couteliers qui le font beaucoup mieux que moi. Et je préfère développer mon propre style. »

Ite missa est.

De toutes façons, ce n’est pas le couteau qui est tactique, c’est celui qui le tient. Ça, c’est Fred Perrin qui l’a dit.

I had a dream
En marchant, j’ai le temps de penser. Et en réfléchissant à tout cela, en associant les idées, je me suis mis à avoir un projet, fort improbable.
En parlant de David Lespect, je me suis dit qu’un de mes couteaux pliants qui coupe aussi bien qu’un Plazen est le Frameness :

Emouture plate quasi intégrale et haute, finissant sur un tranchant légèrement convexe. Ouverture tranquille… Un style très reconnaissable.
Deux hommes différents, deux forgerons-couteliers très différents mais une même approche « philosophique » ?
Et si on mettait une lame de Plazen sur un manche de Lespect ?
Cela donnerait cela :

Il s’appellera le Xpectzen. X pour projet, Lespect-Plazen. Si vous le prononcez à l’anglaise, cela donne « Expect Zen », traduction « Attendez-vous à du zen ».
Si jamais cette collaboration devait voir le jour, j’en réserverais, en pré-production, une caisse de douze.
La promenade le long de la rivière s’achève. Un vieux moulin tourne encore.

Moulin…

J’espère que vous avez eu autant de plaisir à me lire, que moi à écrire et à me balader. Il n’empêche que je vais la proposer, la collaboration. Xpectzen, ce serait le top ! Non ?

…qui tourne.

Couteau Eric Plazen Perso « tests »

Une promenade de Lutin et Calvaire

Voici venu le temps des « tests ».
Compte tenu de ce que nous avons vu dans l’épisode précédent, il est évident qu’Eric Plazen a fait des choix radicaux tant pour l’acier que pour la géométrie de la lame. L’émouture abouti sur un fil rasoir dans un acier ultra-pur mais qui peut casser. Donc, avec ce couteau il n’est possible de ne faire qu’une seule chose : couper et rien d’autre. Ce n’est pas une barre à mine, ni un tournevis, encore moins une machette, une hache, ni une pioche.
Si je plantais la pointe dans le bois et que j’exerçais une flexion, la pointe casserait. Je ne vais pas vous faire la démonstration, rassurez-vous. Ce serait idiot et peu respectueux du travail de M. Plazen. De même, si vous prenez un gros clou et que vous tapez avec un couteau en acier moins dur, vous créez un méplat, un arrondi. La matière s’est « tassée », c’est rattrapable. Si vous tapez un clou avec ce couteau, il y a une forte chance que le fil casse, qu’il se crée une « dent », c’est à dire que la matière soit partie. Là, c’est plus ennuyeux.

Du bon usage du couteau
Les vidéos et les photos ont été réalisées pendant plusieurs jours, elles ne sont pas forcément présentées dans l’ordre chronologique. Je n’étais pas satisfait du résultat de certaines séquences et j’ai dû les recommencer. Vous verrez pourquoi…
Avec les appels à la précaution répétés que j’émets, vous allez finir par vous dire que c’est un couteau à mettre sous verre ou uniquement fait pour couper du foie gras le soir de Noël sur une planche de polystyrène montée sur silent blocks. Il n’en est rien. On peut en user et en abuser tant qu’on coupe. Et ça, je peux vous dire qu’il sait le faire.
J’ai donc repris le chemin de la rivière.

Lieser

Et là, que vois-je ?

Oh! La belle truite !

Pas de problème, le bois est tellement imprégné d’huile de lin qu’il est à peine mouillé. Un bon séchage à la sortie du bain et tout va bien. Car le SC145 et le vieux fer rouillent, donc il faut entretenir ce couteau.
Comment ça coupe ? Un arbre est tombé. Bois très dur. Certainement, je ne suis pas sûr, un hêtre. Ou pas hêtre, telle est la question.

Copeaux

Cela coupe fin, très très fin comme un scalpel.
Après plusieurs tests de coupe, le même jour, le fil est toujours parfaitement intact.

Passons au test suivant. Quitte à faire des copeaux autant que cela serve. Les versants n’ont pas encore évacués les pluies des jours précédents, tout est détrempé.

Mouillé !

Quand tout est mouillé comme ça, c’est plus difficile de démarrer un feu. D’où la technique des copeaux : il faut racler un morceau de bois, si possible résineux, pour faire des copeaux. De cette manière, on atteint le bois sec à l’intérieur. En plus c’est ventilé et très fin. Ca démarre bien.
Jusqu’à ce que j’essaye de le filmer. Parce que pour trouver le bon endroit, avec la bonne lumière, le bon angle du couteau, de la branche et de l’objectif, j’ai ramé. Exemple.

Raté !

Mais, on va le faire.

Hérisson

Une fois fini, cela donne cela. Mais on peut faire encore mieux.

Hop ! Un coup de briquet tempête.

Allumage

Quelques secondes après, on obtient un feu que l’on peut entretenir.

Feu…

Sur le sentier
Après avoir consciencieusement éteint le départ de feu – je vous laisse imaginer comment – j’ai repris la progression de la tactique du danger ultime.

Je porte le couteau à la ceinture au bout d’un lacet en cuir, ça ne bouge pas tant que cela.

Dangler

Parfois, toujours accroché à la ceinture, je le glisse dans la poche. C’est nickel.

Le temps d’admirer les orchidées sauvages  Balsamines de l’Himalaya…



…on passe aux coupes en force.

 Cogne…

L’ergonomie du manche et la puissance de coupe se révèlent pleinement. Et le fil est toujours intact.


Fil intact

Les coupes à la volée ne sont pas le domaine de prédilection de ce couteau. La lame est un peu courte et le poids, donc l’inertie, sont limites. Mais ça coupe les ronces et les arbrisseaux net, Très net…

Tchak !

L’intérêt de la vidéo suivante est le peu de force que j’ai employée. J’ai à peine donné un mouvement de poignet.

Ronce

Si Eric Plazen fabriquait un Katana un jour, on pourrait obtenir des résultats surprenants…

Et les autres tests ?
Passage obligé à la cuisine, avec sa fameuse tomate de la mort qui tue.

Tomate

Là où le Perso est le meilleur, c’est sur la viande. Normalement une tranche de rôti de porc froid explose sous la lame. Ce n’est pas le cas.

Kässler

Ce couteau, il va bien. Je précise que je ne l’avais pas aiguisé avant de couper la tomate et la viande.
Je vais continuer à m’en servir dans les jours qui viennent avant de rédiger l’épisode 4, final, avec le test ultime, dont le thème sera : tactique ou pas ?
En attendant, je suis très déçu, il n’y a quasiment pas de mûres, que des champignons moches. Je n’ai vu que très peu d’animaux, surtout des rapaces et quelques mulots. Au mois d’août, j’avais vu renard (argenté !!!) et biches.

Couteau Eric Plazen Perso suite

Un pont vraiment trop loin


Il pleut des chats et des chiens…

Fortes rafales de vent, foudre et pluies. Pas gâté par le temps… J’ai donc profité de la journée d’hier pour réaliser des photos des caractéristiques du couteau en indoor. Il ne faut pas forcer le destin.
Le temps plus clément d’aujourd’hui m’a cependant permis de capturer quelques vidéos. Enfin, plus clément, faut le dire vite…

Quel temps…

Anatomie du Perso

Je vais à l’essentiel. Je m’appesantis sur les détails importants.

Longueur totale presque 22 cm
Longueur de lame : 102mm

Longueur de manche : 115 mm


Couteau très équilibré et pas lourd : 155 g et 275 avec l’étui.
Lame sandwich en acier SC145 au milieu et vieux fer sur les côtés.

Le SC145 a été produit pour Achim Wirtz par une entreprise allemande. Il contient 1,45% de carbone, du fer et c’est presque tout. D’où SC pour Super Clean.

1,45 % de carbone, c’est énorme, techniquement on pourrait dire que cela s’approche de la fonte (2%). Et la fonte ça coupe mais ça casse.
La lame fait environ 5 mm d’épaisseur avec 2 mm de SC145 et 1,5 mm de part et d’autre de vieux fer. On voit nettement le sandwich sur la photo.
Tout les détails du SC 145 sur ce merveilleux site de référence : www.zknives.com/knives/steels/sc145.shtml

Il coupe d’autant mieux que la lame est très haute – 32 mm à son plus haut – avec une émouture plate quasi-intégrale qui finit sur un tranchant très légèrement convexe et un fil de rasoir du Barbier de Séville.


Sur des photos prises à réception, on distingue mieux l’émouture et le tranchant, ainsi que la délimitation entre le vieux fer et le cœur en en SC145


La lame se poursuit sur une soie traversante matée sur une rondelle au talon du manche.

Celui-ci est en buis clair très beau et légèrement veiné.
L’arrière du manche a une ergonomie qui permet le bon positionnement du petit doigt et de la paume de la main.

Mais surtout, l’innovation du perso, c’est d’avoir un manche épais et cylindrique à l’avant. Cela prévient en très grande partie un glissement involontaire de la main vers l’avant et donc sur la lame. Si Eric Plazen – himself – a opté pour ce design, c’est qu’il y a bien une raison !


Certains apprécient moins l’esthétique du couteau ainsi modifié, c’est vrai cela fait moins scandinave. Mais c’est très efficace. Je pense qu’Anzio confirmera.
Les prises en main sont efficaces et agréables.
Prises en main

Bon, allez…. une petite pause. Clope, café (faut que je vous parle de mon mug Camelback). Heureusement les forêts allemandes sont parsemées de huttes et de refuges.

Et croyez-le ou non, c’était ouvert et les tas de bois étaient prêts pour le prochain feu. La Germanie a du bon…
On reprend !

Le couteau est livré avec son étui propre (à lui, pas pas sale) : c’est du sur-mesures, pas du prêt-à-porter. Long de vingt centimètre environ, le couteau s’y loge à la perfection. La rétention est bonne. La couleur est belle.


Un rabat de cuir forme un passant de ceinture.

Pour ma part, je préfère le prolonger par un lacet de cuir pour un port à la scandinave car c’est plus facile de l’en extraire et de l’y faire rentrer. Certes l’étui ballote le long de la jambe mais une introduction en biais de la lame est plus facilement évitable. Car si cela devait arriver, vu le pouvoir de coupe du coutal, l’étui serait proprement cisaillé sur un des côtés.


Ça fonctionne à merveille et le « clop » d’engagement est rassurant.
Etui

Ultime et énorme avantage : si vous partez faire du trek en Papouasie-Nouvelle-Guinée, cet étui vous permettra de faire couleur locale avec les autochtones en l’utilisant comme étui pénien. Pas jusqu’au fond, à moins d’être un castor…

Malheureusement…
…on ne peut pas encore transmettre les odeurs par internet ! Or, l’un des aspects vraiment séduisant de ce couteau, c’est qu’en plus il sent bon ! Odeurs du cuir, du buis, le tout imprégné d’huile de lin complètent les plaisirs du touché et de la vue. Ce couteau est sensuel…

Et Heureusement !

Il découle de cette description, compte tenu du type d’acier et de la géométrie de la lame, que ce couteau coupe très très fort mais qu’il faut faire attention au tranchant et à la pointe. Par exemple il ne verra jamais le fond de mon assiette. Pour cela, j’ai un excellent couteau pliant de Pierre-Henri Monnet, en XC75, bien trempé, résilient et facile à aiguiser.


Si ça ce n’est pas une épreuve ultime de survivalitude !

Le prochain épisode visera à montrer que le Perso est un couteau très solide et extrêmement puissant mais que cette puissance oblige à un bon usage.

Couteau Eric Plazen Perso

Eric Plazen est un magicien

Je lui dois bien une petite histoire comme je les aime. Elle sera en plusieurs épisodes. Je l’espère modestement instructive et surtout divertissante.
Je n’avais pas acheté de couteau depuis des lustres. Mais je voulais acquérir un modèle très particulier de M. Plazen et Nontron l’a permis. Il s’agit du Perso puisqu’à l’origine Eric Plazen l’a conçu pour lui.
En vacances prolongées malgré des recherches frénétiques de hobbies d’emplois, je suis en itinérance sur les traces de mes souvenirs et cela m’a conduit jusqu’au 50ème parallèle. C’est marqué sur la route !

Je me suis alors souvenu des vidéos hilarantes sur la toile où pendant 12, 15 voire 20 minutes les mains d’un commentateur, qui s’écoute parler, présentent un produit. Et que dire des situations de l’extrême mises en scènes ? C’est tellement aux antipodes de ce couteau que j’ai souhaité faire de même mais à l’envers : des vidéos courtes sans logorrhée, quelques photos, des essais en situation…

Une balade en quelque sorte.

Car la magie de ce couteau réside dans son aura tranquille, il invite à la promenade et à aller taquiner la truite. C’est difficile à exprimer mais les Plazen sont des couteaux anti-stress, avec lesquels on ne se presse pas, il ne faut surtout pas. Car ils coupent. Enfin, ce n’est même pas qu’ils coupent, c’est que je n’ai jamais vu quelque chose approchant le tranchant d’un Plazen. Parfois, ça fout la trouille tellement c’est fort. Cet aspect ambivalent est fascinant et il se retrouve aussi dans le fait que fil de cette lame est fragile. Fragile et fort, fragile est fort.

Le bois est sombre et invite au loisir
J’ai toujours été fasciné par les forêts de moyenne montagne avec du dénivelé, mais point trop n’en faut, et des rochers et des rivières, comme ça :

décor

J’aime les Vosges et la Forêt Noire et plus loin au nord, les Ardennes et leur prolongation en Allemagne, l’Eifel.

décor 2

Les lumières et les odeurs sont délicieuses, ainsi que les bruits de la rivière. Après plusieurs heures de marche exténuantes une bonne heure de promenade bucolique, on se rapproche de la rivière.

rivière

Il a beaucoup plu ces derniers jours d’où le débit de l’eau. Après le pont on découvre le vieux moulin.

 rivière 2

L’objectif stratégique le but est atteint : la cour de la bière ! Biergarten ! Malgré le danger qui guette, la soif est la plus forte.

C’est assez isolé, même s’il y a une route d’accès, et bien encaissé : pas de réseau téléphonique, c’est bien aussi !


Une binouze plus tard, il est temps de repartir, la lumière tombe.


marche

Et après le virage, un spot de lumière. A cette heure là, selon la position du soleil sur les versants, on a de belles couleurs.

Il est temps de faire quelques images de la bête.

perso

J’espère que celle-ci rend hommage à la beauté du couteau

C’est tout pour aujourd’hui
Dans les prochains épisodes nous verrons les caractéristiques du couteau et plusieurs tests seront conduits. Mais pour cela, il faut que je retourne affronter des dangers extrêmes me balader.